roger-montane

« Ce qu’il distingue sous le contrepoint des travaux et des jours, des plaisirs et de l’ennui, des matins gris et des soirs lumineux, ce sont les instants parfaits, les accords proches de la perfection /… / autant d'occasions de chercher des rapports justes, des nuances exactes, l'équilibre qui relie non seulement l'ombre et la lumière, les courbes et les lignes, mais l'homme et le monde qui l'entoure. »

 

Pierre de Boisdeffre

 

« Montané », Coll. La nouvelle Ecole de Paris, Ed. P. Cailler, Genève, 1959 

Cette œuvre d’ordre et de liberté, de vérité et de joie, est à placer au rang privilégié de ce qui porte encore témoignage de nos vraies richesses. …Indifférent à l’abstractionnisme, Montané procède de l’abstraction vraie, contrôlée, fondamentale, dont tous les maîtres de grande tradition ont usé. Telle que la suite française du cubisme - avec La Fresnaye, Lhote et Desnoyer - l’a retrouvée où Cézanne l’avait laissée. Telle que Bonnard ingénu et savant, s’attachant sans cesse à une réalité inattendue et à la pureté toujours recommencée d’un nouveau matin du monde. C’est par l’idée du tableau que Montané entend se réclamer de Bonnard, en refusant au sujet les empiètements sur la chose peinte, aussi bien qu’à la chose peinte toute exclusivité sur la chose vue; en délivrant les situations les plus banales de leur cache-beauté. /… Son originalité consiste à ne pas être « original » à tout prix, à se garder de tous les poncifs et des influences de la mode. Sa culture plastique et sa passion d’artisan, lui permettent de nous offrir sous une forme cependant inédite sa tonique réalité. Comme un Cézanne qui voulait faire « du Poussin sur nature » et avec Delacroix déclarant que « le premier mérite d’un tableau c’est d’être une fête pour l’œil » ce qui « n’est pas dire qu’il n’y faut pas de la raison », Roger Montané mérite - au-dessus de toutes nos confusions - d’être considéré comme un maître à prendre en exemple.»

André Barrère

 

Préface d’exposition (Arcachon,1975)